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John & Fanny, la légende  


John Rizzo et Fanny Demeulder sont les deux extra-terrestres qui développent quotidiennement à temps plein ce projet fou de School’Up. Ils sont formateurs d’enseignants, concepteurs de logiciel éducatif, conseillers de directions d’écoles, coordinateurs de projets européens et encore beaucoup de choses nécessaires à la matérialisation d’une aide concrète pour les profs et les élèves dans les écoles.

Fanny Demeulder


Mon père est un ouvrier belge, né en 1954, qui travaille sur chantier dès l'âge de 12 ans. Ma mère quitte l’école à 15 ans. Ils se rencontrent en boite de nuit et se marient précipitamment le 18 mars 1978 avant de devenir mes jeunes parents le 14 octobre. J’ai quasiment été élevée par ma grand-mère, artiste peintre. Je n’ai pas été à la crèche. Le premier jour d’école, je hurle pour ne pas y aller. A midi, je m’accroche à la grille en criant “Je veux rester avec Mme Nadine”. Mon amour pour l’école était scellé et ne s’est jamais démenti grâce à tous les enseignants qui ont nourri ma soif d’apprendre. L’école m’a sauvée, c’est pourquoi je clame aujourd’hui volontiers “Je vais sauver l’école !”

Arrivée à l’Université Libre de Bruxelles, j’accumule les grandes distinctions avant de devenir élève-assistante puis assistante chargée de cours. Je mets fin à ma carrière académique en refusant le projet de thèse (en génétique textuelle) et la bourse FNRS associée, et je deviens enseignante dans mon ancienne école, là où ça fait sens pour moi. Réaction à chaud de ma mère, très fière de mon ascension académique : “C’est minable”.

Après avoir géré les travaux pratiques à l’université, c’est donc dans les classes qualifiantes que je découvre des grands élèves fâchés avec l'école. Heureusement, mon talent de gestion de groupe me permet rapidement d'obtenir de beaux résultats. Après quelques années, je suis amenée à m’occuper des plus jeunes: 12-15 ans. Surtout ceux mis en échec par l’institution: les 2e “S”, comme “Spéciales” (c’est du Belge…). C’est plus difficile pour moi. Et je dois enseigner dans toutes les branches. J’aide aussi les élèves plus âgés. Je me retrouve à expliquer l’économie, les équations stoechiométriques et autres matières que je me dépêche de revoir, ou d'apprendre.


Au même moment, je promets à une amie mourante de m'occuper de ses petits-enfants. Je deviens la belle-mère à temps plein de trois enfants (11, 8 et 4 ans) merveilleux et très abîmés, puisque leur mère a perdu la garde pour maltraitance. Du mieux que je peux, en faisant de nombreuses erreurs, je les élève pendant 10 ans. Je me forme beaucoup pour m’outiller et relever les défis de ma vie personnelle et professionnelle. Je muscle mon expertise en gestion des comportements et en troubles d’apprentissage.



John Rizzo 


Du côté de ma mère, les choses sont faciles. Mon grand-père, ingénieur civil et franc-maçon, vit avec sa femme, mère au foyer qui va tous les dimanches à la messe. Du côté de mon père, c’est plus compliqué. Déjà, il est fâché avec son propre père, qui était en rupture avec son père et ainsi de suite, sur de nombreuses générations de la “famiglia nobile Rizzo dei Ritti”. Donc, il parait que je suis un “marquis” italien, sans jamais en avoir approché ni la langue ni les coutumes. Tout comme mon père qui meurt lorsque j’ai 9 ans, après un divorce difficile et la bouteille facile. 

Ma sœur et moi sommes élevés par notre mère libre et indépendante, une assistante sociale dans un PMS. Nous grandissons dans l’enseignement officiel pur jus, de la maternelle à l’université (pas comme mes trois enfants, au siècle suivant). L’école m’a instruit, mais contrairement à Fanny, elle ne m’a pas sauvé. C’est plutôt moi qui m’en sauve à 17 ans après avoir fait une grosse bêtise. On me met alors à la porte avec ordre d’étudier à la maison durant quelques mois. Quelle révélation ! Découvrir que je peux avancer seul dans mes apprentissages, à mon rythme et avec rigueur sans qu’un prof ne vienne me déranger par ses explications… Je découvre la joyeuse efficacité du travail autonome qui me permet plus tard de réussir mes études d’informatique à l’Université Libre de Bruxelles.

 Après 3 ans chez IBM, j’en ai assez des acheteurs de formation informatique qui commandent des “jours de cours”. Comme si ce qui compte, c’est le temps de présence. Comme à l’école… Ne pourrait-on pas plutôt s’engager sur un résultat ? Viser un objectif et puis se demander qui va l’apprendre par quel moyen ? Je crée une start-up dans l’apprentissage des langages de programmation : JavaBlackBelt. Je baigne dans l’open source et surtout, dans cette culture informatique où apprendre est plus souvent une activité d’autonomie et d’entraide qu’un cours à suivre en école. A 40 ans, je revends mon entreprise à des Américains. Cela inquiète le n°1 mondial de l’e-learning, qui rachète l'acquéreur et envoie mon projet aux oubliettes. Monte alors chez moi la question “Est-ce que cette pédagogie par objectifs marcherait aussi bien avec des enfants ?”

Pour en avoir le cœur net, je deviens instituteur remplaçant, ce que je raconte dans mon livre “Sauver l’école ?


La rencontre

D’un côté de l’Univers, nous avons Fanny. Romaniste. Intuitive. Talent pour la gestion d’une classe. Grande experte de “comment doit faire l’élève dans sa tête pour apprendre”.

De l’autre côté, nous avons John. Informaticien. Rationnel. Talent pour les systèmes. Grand expert de “comment doit s’organiser une classe pour maximiser les apprentissages.”

Fanny

Et voilà que je lis le livre de John en 2015. C’est le coup de foudre intellectuel ! Un an plus tard, j’invite John à former à Casablanca l’école belge, où je suis conseillère pédagogique. En 2018, nous ouvrons notre fameuse classe laboratoire qui regroupe 28 élèves de 8 à 18 ans. Le grand écart de l’hétérogénéité. Très difficile. Des élèves d’origine sociale et culturelle variées, avec de lourds retards scolaires ou au contraire des facilités hors normes, tous en marge, voire en décrochage du système scolaire. Notre binôme instruit dans toutes les matières. Au bout de deux ans, 27 des 28 élèves ont réussi un diplôme de l’Etat en jury externe (CESS, CE2D, CE1D ou CEB), ou ont réintégré avec succès le système scolaire via une école traditionnelle, certains comblant 4 ans de retard.

John

Au début, affabulé par les récits contemporains sur les “écoles mutuelles” du XIXe siècle, j’imaginais qu’un prof puisse suffire pour 100 élèves tant ces derniers s’organisent bien entre eux. Depuis 2018, je présente tous les jours des excuses à Fanny pour cette stupidité. Mais quand même, un enseignant traditionnel doit pouvoir facilement changer de posture avec ses “seulement” 20 élèves… croyais-je en 2019. Je présente sincèrement mes excuses aux enseignants qui m’ont cru à l’époque. Finalement, il nous aura fallu des années pour construire le matériel pédagogique permettant à Kevin, 14 ans, de s’entreprendre sur les fractions à son niveau(8 ans) dans sa classe de 2S.



John & Fanny se sont mariés après des divorces dignes de Dallas et Santa Barbara.

Ils réfléchissent avec ingéniosité et passion aux solutions qui permettent aux enseignants de changer la donne dans leurs classes.

Bien entendu, ceci est la version courte et politiquement correcte de leurs péripéties. Ceux qui connaissent plus de détails leur disent régulièrement: “Pas possible… vous devriez écrire un livre pour raconter ça !”


Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait !

Mark Twain • cité par Liliane Legras à propos de John & Fanny

Pourquoi “John & Fanny” plutôt que “Fanny & John” ?
Voici l’explication de John:

  • Le protocole demande que lorsqu’on fait face au trône, le roi soit à notre gauche et la reine à notre à droite (sauf pour Philippe et Mathilde, semble-t-il, mais nous ne sommes pas des copieurs).
  • Nous respectons l’ordre d’âge (le plus avancé en âge d’abord, c’est le premier né),
  • ainsi que l’ordre alphabétique (le plus avancé d’abord),
  • et de la taille des pieds (le plus long d’abord).
  • De plus, depuis l’égalité des sexes, je pourrais être taxé de rétrograde en plaçant une femme en premier.
  • Mais surtout, nous évitons un hiatus disgracieux entre une conjonction de coordination et une charmante linguiste.